Au cœur des sauvetages du 3677 SOS Maltraitance Animale
Opérationnelle depuis le mois de juin 2024, la ligne SOS Maltraitance Animale envoie ses équipes sur le terrain pour sortir les animaux de leur enfer. A la tête de la brigade nationale du Conseil National de la Protection Animale, Hugo Bidault fait le bilan de plus de 4 mois d’interventions qui ont permis de sauver des centaines d’animaux.
Si la ligne du 3677 SOS Maltraitance animale a été ouverte officiellement le 24 juin 2024, Hugo Bidault n’a rejoint l’équipe du Conseil Nationale de la Protection Animale, créatrice du numéro d’urgence, qu’en septembre dernier en tant que référent animal.
Son rôle ? Prendre en charge les cas signalés au 3677 qui nécessitent une action immédiate pour sortir les animaux de la maltraitance dont ils sont victimes. « Un premier tri est réalisé par les répondants du 3677 qui ne m’adressent que les cas où il est besoin de réunir des preuves de la maltraitance signalée par un témoin ou les situations d’extrême urgence », précise le jeune homme qui est à la tête d’une petite association de protection animale dans la région de Perpignan.
L’homme des situations désespérées
Coordinateur des sauvetages du CNPA, Hugo Bidault est un peu l’homme des situations désespérées. Identifier la maltraitance, réunir les preuves en se rendant sur place ou en dépêchant un enquêteur bénévole de la toute jeune brigade d’enquêteurs levée par le CNPA à la fin de 2024 (et encore en cours de recrutement et de formation), saisir la police judiciaire quand la maltraitance est avérée, déposer plainte, organiser le transport et le placement des animaux maltraités… Hugo est à la manœuvre de tous les sauvetages.
Et quand ça coince, quand les référents protection animale de la police et de la gendarmerie ne répondent pas aux appels désespérés pour sauver un animal, il n’hésite pas à faire appel à Arielle Moreau, avocate au barreau de La Rochelle, qui saisit le parquet concerné afin de déclencher les procédures. « On l’a beaucoup fait au début du lancement de la ligne, relativise Hugo, mais il faut reconnaître que les réticences au sein de la police et de la gendarmerie sont de moins en moins nombreuses. Ils savent désormais qui nous sommes et nos collaborations se déroulent de mieux en mieux. »
300 cas par mois en moyenne
Chaque mois, Hugo Bidault traite près de 300 cas de maltraitance transmis par les répondants du 3677 qui reçoivent une moyenne de 1500 appels par mois. « Cela représente en moyenne entre 5 cas au minimum à parfois plus de 20 par jour, calcule Hugo. Cela va en augmentant car nous prenons de plus en plus de cas sur lesquels nous pouvons envoyer les enquêteurs de la brigade du CNPA. Nous pouvons ainsi assurer un second tri, après celui du 3677, sur des cas moins urgents. »
Disposant d’un réseau national qui compte actuellement plus de 150 enquêteurs bénévoles, Hugo missionne certains d’entre eux, selon les besoins, pour soit entamer une médiation auprès du propriétaire à l’origine de la maltraitance, via des visites pour relever les conditions de vie de l’animal et rappeler son maître à ses responsabilités et l’informer des besoins de son animal, soit récolter plus de preuves pour déclencher une procédure salvatrice. « La brigade nationale que le CNPA est en train de monter est un avantage réel pour les sauvetages, détaille le référent de l’association. Elle permet d’agir sur tout le territoire national, de prendre plus de cas chaque jour et de mieux évaluer les situations en se rendant sur place. La plupart des enquêteurs recrutés sont très compétents et vont gagner en compétence grâce à la formation que la CNPA leur dispense tous les mois. Contrairement à ce que nous pensions, les personnes qui ont souhaité nous rejoindre sont majoritairement des jeunes et des femmes. Très engagés et très motivés pour réduire la maltraitance animale ! »
Du défaut de soins à l’acte de cruauté
En plus de quatre mois de sauvetages intensifs, Hugo a déjà vu passer tous les types de maltraitance animale dans notre pays et peut dessiner une typologie assez fidèle à la réalité. « La première maltraitance, c’est le défaut de soins, par ignorance, mais aussi souvent par abandon de ses responsabilités envers son animal, décrit le jeune homme. Souvent, on est confronté à des gens qui pensent faire ce qu’il faut pour leur animal. Est-ce une sorte de protection psychologique qui leur permet de ne pas affronter la responsabilité qu’ils ont dans la souffrance de leur animal ? Je ne sais pas. Pour les chats et les chiens, il y a beaucoup de maltraitance directe, des coups, de la violence physique en plus d’un manque d’hygiène, de nourriture et d’eau. Quant aux animaux dits de rente (les bovins, ovins, porcs… ndlr), le manque de soins est le principal problème, avec de la malnutrition. Le problème pour ces animaux, c’est qu’on est face à des cas signalés de longue date mais qui ne sont pas réglés car on est obligé de passer par les services vétérinaires compétents qui sont très lents à agir. »
Si Hugo Bidault se félicite de voir les relations avec les services de police et de gendarmerie, ainsi qu’avec les services vétérinaires, s’améliorer de mois en mois, il reconnaît que des difficultés persistent et peuvent nuire à la rapidité et à l’efficacité des prises charges des animaux. Notamment financières. « Le coût des transports, des soins des animaux qu’il faut mettre à l’abri peut vite grimper, détaille-t-il. Une levée de fonds permettrait d’accompagner plus efficacement les associations qui récupèrent les animaux maltraités et de travailler en tandem avec elles à travers tout le territoire. »
En 4 mois, 1451 interventions du 3677
★ En septembre : 188 interventions concernant 180 chiens, 118 chats, 7 chevaux, 3 lapins, 1 furet, 2 moutons, 1vache, 2 oiseaux
★ En octobre : 291 interventions concernant 233 chiens, 253 chats, 30 moutons, 6 chevaux, 1 oiseau
★ En novembre : 188 interventions concernant 104 chiens, 127 chats, 3 chevaux
★ En décembre : 317 interventions concernant 125 chiens, 210 chats, 16 brebis, 14 chèvres, 10 chevaux, 5 nac