Des sauvetages qui reflètent la maltraitance animale en France
Depuis l’ouverture de la ligne d’urgence 3677 SOS Maltraitance animale par le Conseil Nationale de la Protection Animale, les enquêteurs ont agi sur le terrain pour sortir des animaux de l’enfer. Du défaut de soins à la cruauté, les cas traités reflètent tous les visages de la maltraitance animale dans notre pays. Et confirment aussi que souvent, la détresse animale masque une détresse humaine…
La ferme de l’horreur
Sa propriétaire, une multirécidiviste de la maltraitance, la désignait comme un « sanctuaire » où sont accueillis toutes sortes d’animaux, des ovins, des caprins, des chiens, des chats… censés vivre dans les meilleures conditions.
Pourtant, de multiples signalements par le voisinage auprès d’associations, de la police, des services de l’Etat restent sans réponse. Déjà condamnée en 2014 pour mauvais traitements à des animaux, la propriétaire ne semble pas susciter la curiosité des services contactés. Il faudra un appel au 3677 SOS Maltraitance Animale pour que les choses bougent. Un signalement est fait au parquet par Arielle Moreaux, avocate au barreau de La Rochelle qui agit au nom du Conseil national de la protection animale. Lors de l’intervention de saisie, le constat est effrayant : des cadavres d’animaux sont découverts parmi des rescapés dans un triste état sanitaire et psychologique. Les forces de l’ordre découvrent que des animaux étaient abattus pour servir de nourriture aux autres. Sortis de leur enfer, tous ont été placés pour récupérer des mauvais traitements. Une plainte a été déposée par le CNPA qui espère que la propriétaire, déjà soumise à un interdiction de détenir des animaux, sera définitivement mise hors d’état de nuire…
Syndrome de Noé à Bordeaux
L’affaire se déroule dans la région girondine. Dramatique pour les 25 chiens détenus dans des conditions effroyables, elle est toutefois l’illustration que la détresse animale cache parfois une immense détresse humaine. En effet, la propriétaire des chiens a 80 ans. Son amour pour eux est réel. Pourtant, elle les entasse dans des conditions d’hygiène, de soins et de nourriture indignes. Malade, la propriétaire elle-même vit dans le plus strict isolement car le personnel soignant refuse de se rendre à son domicile envahi d’immondices et à l’hygiène inexistante. C’est un appel au 3677 SOS Maltraitance Animale qui a permis de mettre à l’abri à la fois les chiens, recueillis une association de protection animale sur décision judiciaire, et la propriétaire pour qu’elle reçoive les soins adaptés à son état. Aujourd’hui, la vieille dame a regagné son domicile qui a été nettoyé et rendu vivable. Elle bénéficie à nouveau de la visite d’un personnel soignant. La mairie veille à assurer des visites régulières afin de s’assurer que tout va bien.
Quand la violence touche aussi bien les hommes que les animaux
L’affaire se déroule du côté de Marseille. Témoin à la fois d’une scène de coups sur des chiens qui gémissent et de cris de la part d’une femme sur un balcon, une voisine s’inquiète. Lorsqu’elle entend « Il va nous tuer », elle alerte aussitôt le 17 suite aux recommandations du 3677 afin de déclencher une opération pour mettre à l’abri la famille apparemment menacée. Mais rien ne se passe…
Le témoin recontacte alors le 3677 qui dépêche une enquêtrice sur place. Celle-ci alerte les forces de l’ordre qui interviennent finalement et découvrent 4 chiots et leurs parents, très apeurés car battus. La femme, qui avait hurlé sur le balcon, visiblement battue elle aussi, a quitté les lieux. Les animaux sont saisis, placés en refuge où ils restent très traumatisés. Une plainte a été déposée par le Conseil National de la Protection Animale auprès du parquet de Marseille. Si les choses sont rentrées dans l’ordre, cette intervention prouve, si l’en était encore besoin, que la violence intrafamiliale ne fait souvent pas la différence entre les conjoints, enfants et les animaux…
Un élevage au-dessus de tout soupçon…
L’affaire se déroule dans les environs de Bordeaux. Derrière les barricades d’une maison reculée dans la campagne, un élevage de maine coon, ces chats somptueux au pelage généreux, menait une existence loin des regards. C’est à la faveur de travaux de réfection, assurés par une entreprise privée, que l’horreur est mise au jour. Les ouvriers découvrent des chats dans une situation effroyable. Maigres car sous-nutris, apeurés, pelés et visiblement atteints de graves problèmes de peau, les chats de l’élevage vivent dans une obscurité totale. Choqués, les hommes alertent le 3677 SOS Maltraitance Animale qui déclenche aussitôt une opération de sauvetage. 16 maine coon seront découverts dans leurs excrément, affamés et plus malades les uns que les autres. Ils sont tous récupérés et mis en sécurité au sein de l’association Vénus qui les proposera à l’adoption une fois qu’ils seront rétablis. Un cadavre en décomposition est même découvert. Le Conseil National de la Protection Animal a déposé plainte auprès du tribunal de Bordeaux. Le procès de l’éleveuse aura lieu le 9 mai prochain.
Ces sauvetages et tous les autres illustrent la collaboration nécessaire et importante qui existe entre les équipes du 3677 SOS Maltraitance Animale, les associations de protection animale, les forces de l’ordre et les services vétérinaires pour assurer une prise en charge rapide et adaptée des animaux victimes de maltraitance. Cette collaboration se renforce de semaine en semaine et permet d’assurer un nombre toujours plus important de sauvetages.
Pour beaucoup d’entre eux, le CNPA prend en charge tout ou une grande partie des coûts engagés pour le transport, les soins et les poursuites judiciaires.