Le CNPA dépose plainte pour un chat victime d’un tir
Victime d’un tir, un chat libre du village de Le Theil, sur la commune de Sainte-Feyre, a été pris en charge par sa nourrisseuse. Voulant éviter d’autres tirs sur la colonie qu’elle prend sous son aile avec ses voisins, celle-ci a pris contact avec le 3677 pour porter l’affaire devant le tribunal de Guéret.
« On ne tire pas sur un chat, même si c’est un chat errant ». Sylvie ne décolère pas depuis qu’elle a appris que l’un des chats errants que ses voisins et elle-même nourrissent, a été tiré comme un lapin ! « C’est un mâle que mes voisins voient débouler dans leur jardin à l’heure des repas depuis 7-8 ans, raconte sa sauveuse. Il a pour habitude de passer ses nuits sous une balle de foin dans mon hangar. Cela faisait quelques jours que nous avions observé des changements dans son comportement. » D’habitude très prompt à venir quémander sa pitance le matin et le soir, le chat marche avec difficulté. Il fait quelques pas, s’arrête, repart… « On voyait qu’il souffrait ; il fermait les yeux. Avec mes voisins, on a pensé qu’il était soit atteint par le coryza ou le sida du chat soit tout simplement en fin de vie », poursuit Sylvie.
Malade ou en fin de vie ?
Par empathie, et pour mettre fin à des souffrances inutiles, il est décidé de le trapper pour l’emmener chez le vétérinaire et procéder à son euthanasie. « Il s’est laissé trapper très facilement, raconte Sylvie, il était visiblement au bout. »
Mais une fois chez le vétérinaire, le diagnostic tombe : le chat n’est ni malade, ni en fin de vie. Il a été victime d’un tir de carabine ! La radio ne laisse place à aucun doute. Le projectile a perforé le poumon, l’a traversé pour finir sa route dans l’os de la patte gauche. Heureusement, ce dernier ne s’est pas fracturé sous le choc.
Sous l’annonce de la nouvelle, Sylvie fait aussitôt le lien avec un incident survenu quelques jours plus tôt. « J’étais dans un abri de mon jardin en train de socialiser des chatons nés quelques semaines auparavant. Tout à coup, j’ai entendu une sorte de claquement sec et net. Je suis sortie pour aller voir dans le hangar où j’hébergeais des chattes mais je n’ai rien vu. Aujourd’hui, je relie les deux événements », conclut la jeune femme.
Il est donc décidé de soigner le chat. La plaie est désinfectée, un drain posé, un traitement antibiotique prescrit pour éviter l’infection. Il sera décidé de ne pas opérer le chat qui peut vivre avec un projectile coincé dans l’os. « Le vétérinaire l’a gardé une journée en clinique puis nous l’avons mis dans l’abri de jardin toute la nuit avant de le relâcher au matin », raconte Sylvie qui a aussi pris en charge la facture vétérinaire. « Cela m’a coûté 360 euros. Et comme il vaut mieux en plaisanter, on l’a baptisé 360 boules », confie-t-elle en riant.
Aidez le 3677 à se porter au secours des animaux maltraités, faites un don !
Porter plainte pour marquer le coup
L’histoire pourrait en rester là, mais Sylvie est en colère. Elle veut marquer le coup et surtout protéger les autres félins d’un autre tir. « Dans notre village, il y a aussi nos propres chats qui circulent librement. Je ne veux pas qu’un autre incident se produise », s’indigne-t-elle. Sylvie décide donc de porter plainte. Mais toute seule (elle n’a pas d’association), elle sait que sa voix aura moins de force.
Elle décide alors de contacter le 3677, le numéro de signalement des maltraitances animales. Sylvie sait que le Conseil National de la Protection Animale, qui a lancé la ligne, entend porter les affaires devant les tribunaux pour que les actes ne restent pas impunis. C’est Arielle Moreau, avocate du barreau de La Rochelle-Rochefort, qui représente le CNPA, qui dépose donc une plainte contre X au nom du CNPA auprès du parquet de Guéret pour actes de cruauté envers un animal domestique ou apprivoisé ou tenu en captivité. Ces faits, prévus et réprimés par l’article 521-1 du code pénal, sont passibles d’une peine de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. Les documents vétérinaires et témoignages ont été joints au dossier mais sans grand espoir de retrouver le ou les auteurs du tir. « Je ne m’attends à rien en terme de sanction, avoue Sylvie. On ne retrouvera probablement pas l’auteur du tir. Mais je veux que cela se sache dans mon coin et remonte aux oreilles du responsable… ou de parents qui envisageraient d’offrir une carabine à plomb à leur enfant à noël ! »
Campagne de stérilisation
Sylvie entend aussi que son combat parvienne jusqu’à la mairie de Le Theil et des habitants hostiles à la présence des chats errants. « C’est vrai qu’on a un problème de chats errants ici. Lors d’une pétition que nous avons lancée pour organiser une campagne de stérilisation, des habitants nous ont fait savoir qu’ils étaient favorables à des trappages mais pour éradiquer le problème, donc euthanasier les chats ! »
Une solution inenvisageable pour celle qui, avec d’autres voisins, donne de son temps et de son argent pour soulager la détresse des chats errants.
Depuis son retour à la vie libre, « 360 boules » va beaucoup mieux. « Lors de son relâcher, il a bondi hors de la cage comme un fauve, raconte Sylvie. Il a vite repris ses habitudes et vient se nourrir avec les autres matin et soir. »
Dans quelques jours, il sera à nouveau trappé… pour être stérilisé. « Il sera le dernier de notre campagne de stérilisation, précise Sylvie. Il connaît la trappe et cela sera sans doute plus compliqué que la première fois… »
Aidons Sylvie à régler les coûts de soins et de stérilisation
Sylvie a réglé la facture auprès du vétérinaire. Elle n’est pas soutenue par une association et a payé, de sa poche, les 363 euros de soins. Avec ses voisins, ils prennent aussi en charge le coût des stérilisations de la colonie de chats.
Le CNPA, qui est une association qui ne bénéficie d’aucune subvention de l’Etat, a besoin de votre soutien pour aider Sylvie à faire face à ces dépenses.
Vous pouvez faire un don pour nous soutenir.